Pédocriminalité dans l’église : Jean-Marc Sauvé répond aux critiques de l’Académie catholique

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Dans un document publié mercredi soir, Jean-Marc Sauvé, le président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) a réfuté, point par point, les critiques émises en novembre par l’Académie catholique à l’encontre de son rapport.

Fin novembre, huit membres de l’Académie catholique de France, une instance non-officielle qui rassemble des intellectuels catholiques, avaient dénoncé, dans un texte, la « méthodologie défaillante », entre autres selon eux, du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) publié début octobre.

Ce rapport a causé une onde de choc dans l’institution en estimant à 330.000 le nombre de personnes ayant fait l’objet de violences sexuelles, quand elles étaient mineures, de la part de clercs, de religieux ou de personnes en lien avec l’Eglise, depuis 1950.

Comme il l’avait promis, M. Sauvé, en collaboration avec la CIASE, a préparé une « réponse » détaillée de plus de 50 pages, publiée sur le site de la commission mercredi, analysant chacune des critiques.

Pour cela, il fait appel à un groupe de cinq spécialistes reconnus de la méthodologie des enquêtes et de la théorie des sondages ainsi qu’à l’ancien directeur de l’Ined François Héran, leur demandant de donner leur avis sur la fiabilité des estimations chiffrées du rapport, notamment celles d’un sondage de l’Ifop exploité par l’Inserm pour la Ciase.

Ces deux expertises « saluent le sérieux des précautions de méthode prises » par l’Inserm, relève M. Sauvé, selon lequel « l’émotion légitime suscitée par les chiffres (...) ne justifiait ni leur déni obstiné, ni (leurs) tentatives de disqualification ».

Les réponses à d’autres griefs - comme par exemple les recommandations prétendues « discutables » de la CIASE - sont ensuite longuement argumentées.

Au terme de cet examen, « il ne reste rien des critiques très graves qui ont été adressées » à la commission, conclut M. Sauvé.

« Au fond, l’Académie critique moins la CIASE et son rapport qu’elle ne manifeste son indifférence aux victimes », déplore la commission. « Ce sujet ne l’intéresse pas. Seule compte à ses yeux une certaine idée de la protection de l’Eglise catholique », regrette-t-elle encore.

Née en 2008, l’Académie catholique de France, qui n’est pas une instance officielle de l’Eglise, réunit quelque 200 à 250 intellectuels catholiques notamment pour « faire avancer la réflexion sur des thèmes choisis, d’actualité intellectuelle ou sociale ».

M. Sauvé en est membre. Eric de Moulins-Beaufort et Véronique Margron, à la tête de la Conférence des évêques et de la Conférence des religieux de France, commanditaires du rapport de la CIASE, ont pour leur part quitté cette académie après le texte critique de huit de ses membres.

La rédaction (avec l’AFP)

Crédit image : THOMAS COEX / POOL/ AFP

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